5 à la semaine fait sa rentrée, et le plein de son par la même occasion ! Cette semaine, voici les titres qui nous ont fait vibrer un peu plus fort que les autres, ICI.
Too Many Zooz - Warriors
Too Many Zooz - Tricerahops
Too Many Zooz - Havana Banana
Parov Stelar - All night
Parov Stelar - You got me there
Parov Stelar - The beach
D'après "L'Infini" - The Ridge de Sarah Neufeld
D'après "L'Infini" - In your wild garden de Josefine Cronholm et Ibis
D'après "L'Infini" - Primavera de Ludovico Einaudi
On ne sait rien de
Society. Qui est ce groupe de pop-rock à la musique magnétique ?
A qui appartient cette voix étrange, comme perdue dans les limbes et
qui appelle du fond, de tout au fond du monde ? Cette voix qui semble
demander de l'aide, une main tendue, enfermée dans des mélodies qui
se répètent à l'infini (« commiseration »). La
discrétion du groupe est séductrice, elle laisse place à
l'imagination, au fantasme et surtout au lâcher prise : c'est
une écoute neuve comme une première fois. On ne sait rien d'eux, on
n'attend rien d'eux et ils ont ainsi toute la liberté de nous
émouvoir avec leur rock élégant (« will to win »), de
nous surprendre avec des airs trip-hop (« 14 hours ») ou
de calmer le jeu avec des morceaux tout simples aux guitares dénudées
(« closed eyes »). C'est sans bruit que Society passe
dans le paysage musical de cette année, alors sachez le dénicher
dans un coin du ciel et envolez-vous 48 minutes avec All that we've
become. A écouter : par temps de rage, pour calmer la tempête et adoucir les mœurs.
Tout comme l'esprit, la musique s'accorde parfois des petits moments d'évasion. Des petits moments qu'on peut tous situer précisément à l'annonce d'un genre musical, suspendus dans une époque désormais révolue.
Des passades douloureuses (on a encore en mémoire les six mois de "tektonik", ou l'année un peu longue et inégale du Dubstep) mais aussi des coups de cœur comme la vague électro-swing dont je vais vous parler.
A une époque où les ténors du genre s'appelaient Caravan Palace, Parov Stelar (de son vrai nom Marcus Füreder), un DJ Autrichien, est arrivé à point nommé pour prolonger la vigueur d'un genre vite répétitif. L'album que j'aborde aujourd'hui s'appelle "The Princess", et comme il existe des "feel-good movies", celui-ci est un "feel-good album".
Il s'écoute d'une traite, cul sec, à n'importe quel moment de la journée et arrive à faire sienne l'ambiance du moment.
Ce qu'on apprécie dans cet album, c'est le savant équilibre, ne tombant jamais dans trop d'électro ni dans trop de swing.
C'est une alternance dans la tonalité des chansons, mais aussi dans les choix de travail du son : certaines tracks possédant des batteries acoustiques là où d'autres ont des kicks beaucoup plus typés électro, par exemple. Il n'empêche, j'ai beau cherche du déchet, je n'en trouve pas. Le genre d'album dont on est content d'en avoir une copie.
Album à écouter: n'importe quand, à deux, pour des moments positifs.
Parfois, la plus belle
musique est celle des mots. Dans son roman, subtilement appelé
« Infini, l'histoire d'un moment », Gabriel Josipovici
nous parle de musique. Massimo était majordome d'un compositeur
excentrique : Tancredo Pavone. Massimo, sur ces pages, se
souvient des mots de Pavone, les relate avec une précision presque
comique. Ce n'est pas un roman qui se lit, mais un roman qui
s'écoute. Chaque citation fait écho à un artiste, à un album. Alors, voici ma relecture de l'Infini :
« Chaque son est
une sphère, disait-il. C'est une sphère, Massimo, et chaque sphère
a un centre. Le centre d'un son est le cœur du son. Il faut toujours
s'efforcer d'atteindre le cœur du son, a-t-il dit. Si on l'atteint,
on est un véritable musicien. »
Sarah Neufeld, the ridge
« Nous deviendrons
poussière, a-t-il dit, exactement de la même façon que la musique
qui n'est pas authentique ne tardera pas à se flétrir et à
mourir. »
The Fugees, The Score
« Le compositeur ne
vit pas dans le temps, il vit dans l'éternité. »
Nujabes,
Feather
« La musique est
devenue trop consciente au début du vingtième siècle, a-t-il dit,
il a été nécessaire de la faire revenir à ses racines dans
l'inconscient. »
Emancipator, Diamonds
« Bien entendu,
a-t-il dit, les scientifiques ont montré que le silence absolu
n'existe pas. Dans les pièces les mieux insonorisées du monde vous
entendrez le sang gronder dans vos artères et votre cœur battre
contre vos côtes. Mais c'est votre sang, Massimo, a-t-il dit, et
votre cœur. Là est la différence. »
Josefine
Cronholm & Ibis, Wild Garden
« Tout ce qui nous
entoure est une cause d'émerveillement, Massimo, a-t-il dit. Une
femme. Son coude. Son poignet. Un arbre. Ses feuilles. Leur odeur. Un
son. Un souvenir. Et la personne qui peut nous aider à nous
émerveiller est l'artiste. »
Ludovico Einaudi, Primavera
« Nous devons aller
aussi près que possible de l'orgasme sexuel, a-t-il dit, sans
permettre à la tension accumulée d'exploser (…). Cela doit être
recyclé, a-t-il dit, afin de permettre à l'excitation de circuler,
si besoin pour toujours. »
Nina Simone, Sinnerman
« Ceux qui
acceptent d'écouter ma musique, a-t-il dit, apprennent à écouter
ce qui n'est que son. Ils apprennent à écouter les résonances d'un
son, son cœur intérieur. »
S'il est un mouvement qui a participé pleinement à l’essor et la connaissance des micro-cultures diverses liées aux villes urbaines, c'est bien le Hip-Hop. Le Rap nous avait déjà fait voyager par le passé : on se rappelle de l'opposition West coast/East coast des années 2000, et quiconque a déjà écouté Dr. Dre ou Snoop-Dogg sait situer la Californie sur une carte. Dernièrement, dans ce mouvement, c'est le sous-genre nommé "Trap" qui domine. Ce genre, au sein du hip-hop, mêle des rythmes plus dansants, par leur nonchalance et leur volume de graves, à des mélodies diverses et des flows alliant le rythme, les rimes et le chant. Autant dire qu'il y a de quoi faire.
C'est du côté d'Atlanta que nos oreilles se tournent, avec l'association d'un rappeur et d'un beatmaker tous deux originaires de la ville : 21 Savage & Metro Boomin, qui signent ici un EP très bien tenu.
Les productions de Metro Boomin (qui produit pour Drake également) donnent le ton : c'est une ambiance minimale qui règne tout au long de l'EP, ça fait du bien, et c'est tout de même une performance à souligner ! La construction du projet permet une entrée en matière plutôt facile, malgré les deux premières pistes moins mélodieuses que les 7 qui viennent compléter ce petit cadeau de 9 tracks.
Coté son, je recommande d'écouter cet EP au casque, étant donné la quantité d'infrabasses, exception faite des personnes qui possèdent un caisson de basses!
Un EP à écouter : quand on aime la trap, pour découvrir la trap, en fond sonore, au casque, en soirée, la nuit, à deux.
Pleins phares sur une
fanfare de trois petits mecs. Un saxo, une trompette, des percussions
et une énergie. Dans leurs cuivres, se cache le démon de la danse,
une fièvre, une rage de vivre. Too Many Zooz est un groupe de
musique sauvage, primitive, qui saute à la gorge, qui prend au
corps. Leurs instruments se marrent parfois - éclats de rires en
laiton. Le groupe ne s'encombre pas avec les genres : ils
s'enroulent dans le hip-hop, se vautrent dans le jazz, jouent avec le
funk. Dans leurs rythmes on ressent la liberté, chacun de leur
souffle est un cri, de ceux sans honte qu'on lâche dans l'immensité
du vide. Revivons !
A écouter : pour ne plus réfléchir, pour bondir, respirer.