Lettuce - Crush
Consommer. Et oublier le
temps, le plaisir, ne plus savourer. Consommer. Entendre sans
écouter, ne plus tendre l'oreille, s'encombrer d'un fond sonore sans
paroles, sans mots, sans fond. S'encombrer d'un son. Consommer.
Devant la multiplicité des possibles, toujours chercher mieux, sans
vraiment savoir ce qu'on cherche en réalité. Consommer. S'éprendre
d'un morceau et le laisser dans l'oubli, lui préférer son
contraire, meilleur, moins bon, différent en tout cas. Prendre,
entendre, jeter, oublier. Consommer. Ou bien... ou mieux :
Ne pas consommer. Prendre
le temps de savourer. De décortiquer les sons. Se délecter de l'air
caressant le cuivre. Trembler au contact de la baguette sur la peau
tendue d'une caisse claire. Ne pas consommer. Désirer le morceau
suivant ou se plonger dans le son présent, mais rester dans un seul
univers, un seul album, simplement parce qu'il est trop bon. Ne
jamais zapper, ne jamais trancher une piste en plein milieu du
groove, ne plus consommer. Goûter à la qualité sonore instantanée.
D'un funk jouissif sans paroles, qui nous laisse sans voix. Se
laisser aller à la danse, à la transe, ressentir la musique dans
tout son corps, la laisser s'écraser en nous, nous posséder. Ne
plus maîtriser ce qu'on écoute, laisser la musique nous contrôler.
Un album à écouter :
pour ne plus consommer.
Chronique de Ju
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